Télétravail, intelligence artificielle, contexte géopolitique incertain… Face aux mutations du monde du travail, les employeurs ont besoin d’un accompagnement dans leurs prises de décisions, ce que leur propose le cabinet d’avocats ærige. Créé en 2001 et dédié au droit social et à la défense des employeurs privés comme publics, ærige s’est donné pour mission d’apporter à ses clients des solutions sécurisantes, innovantes et concrètes.

Thomas Godey
Associé, ærige
Thomas Godey fait partie des 13 associés de la structure où il s’investit dans la formation des équipes et la labellisation RSE. Dans cette interview, il offre des pistes de réflexion sur les problématiques actuelles du monde du travail.
Thomas Godey, quelles sont les évolutions auxquelles le monde du travail fait face ?
On pourrait dire que tout change et rien ne change à la fois. Depuis les années 2000, le contexte économique, social voire géopolitique est tendu. Dans le même temps, les rythmes s’accélèrent, car la durée des cycles se réduit : une entreprise performante peut connaître un coup d’arrêt, tandis qu’une autre peut rebondir alors qu’on pensait son activité en déclin.
La fonction des ressources humaines en subit les conséquences et en récolte aussi les fruits : elle est très sollicitée, et est plus stratégique que jamais. Par exemple, il est fréquent qu’une entreprise soit confrontée à des suppressions de postes dans le cadre de départs volontaires, et amenée dans le même temps à implanter de nouveaux outils et à créer des postes sur des profils différents.
Comment s’y adapter en tant qu’entreprise ?
Dans un monde du travail où domine la recherche permanente de talents, il faut, d’une part, anticiper les besoins en compétences et investir massivement dans la formation. D’autre part, l’entreprise doit raisonner en mode hybride, c’est-à-dire offrir une boite à outils complète en termes d’organisations du travail : temps plein, temps partiel, forfaits, télétravail, nomadisme, flex-office, bureaux partagés, horaires à la carte, etc.
Comment faire pour que ces innovations soient positives et non pas un frein à la performance ?
Je vois deux premiers facteurs clé de succès : une mise en place négociée et pour une durée déterminée. Autrement dit, il est préférable de lancer une expérimentation qui s’inscrit dans un cadre renouvelable qui peut être temporel ou géographique. Il est également important de former les utilisateurs à ces innovations, qui connaissent la réussite que si elles sont adoptées par tout un collectif.
Une fois la phase d’expérimentation réalisée, il faut instaurer un principe d’auto-régulation et une commission d’arbitrage. Dans ce cadre, le droit du travail est omniprésent, notamment pour responsabiliser tous les acteurs aux risques liés à ces nouveaux outils.
Quels rôles la loi et les avocats peuvent-ils jouer pour accompagner les entreprises dans ces transitions ?
Une innovation sociale s’inscrit dans un cadre juridique, qui est l’ordre public social : les avocats sont là pour le rappeler à tous les acteurs d’un projet ; puis, pour accompagner les entreprises dans la négociation et la formalisation du support, accord, charte, ou avenant, qui la rendra opposable. Notre rôle est aussi de sensibiliser les parties prenantes à ces transitions, via des formations en présentiel, distanciel, et de l’e-learning.
Quels sont les défis liés à l’usage de l’intelligence artificielle dans un environnement de travail ?
L’intelligence artificielle est en plein essor, et pour autant le dialogue social sur cette thématique en est à ses balbutiements. Or, c’est le dialogue social qui permettra de fixer les droits et les devoirs des utilisateurs en matière d’IA et d’éviter bon nombre de conflits. Il faut également créer des espaces de traitement des situations de tension dédiés et des cellules d’écoute et de recueil des retours formulés par les utilisateurs, qui serviront à améliorer et à mieux paramétrer l’outil, voire à adapter la formation donnée.
Comment gérer les relations humaines dans un environnement de travail de plus en plus automatisé ?
Ainsi que l’a constaté la commission sur l’intelligence artificielle dans son rapport du 13 mars 2024, l’IA peut entraîner « la perte d’autonomie au travail, une subordination déshumanisante à la machine, une surveillance excessive des travailleurs, un isolement des travailleurs et une perte du sens du collectif ».
Au-delà de la question de savoir si l’IA détruira ou créera des postes, débat sans solution unique, le défi majeur réside dans la proportionnalité du recours à ces outils innovants. Il faudra s’assurer que les collaborateurs conservent le maximum de liberté et de satisfaction dans l’exercice de leur mission, et préserver les emplois en les faisant évoluer.
Enfin, certaines IA ont été identifiées comme génératrice de discrimination, par exemple à l’embauche ou à la promotion. La question qui se pose aujourd’hui réside donc dans la charge de la preuve de cette discrimination, car incriminer de telles solutions implique d’avoir accès aux codes qui les font fonctionner et à un expert en mesure d’étayer la réclamation.
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aerige-avocats.com
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