Ils passent plusieurs heures par jour sur les réseaux sociaux, et en même temps, ils cherchent leur voie et font les choix pour leur avenir : quel métier, quelles formations choisir ? Comment s’adresser habilement à eux quand on est un employeur, une entreprise, une école, un centre de formation ? Eléments de réponse avec Lucien Meylan, directeur général de l’agence Spurring installée à Lausanne.

Lucien Meylan
Directeur général, Spurring
Votre agence de marketing digital est spécialisée dans la communication en direction des nouvelles générations. Pourquoi ce choix ?
Créée en 2017, notre agence rassemble des experts en stratégie et création (réseaux sociaux, design graphique et web, production vidéo, rédaction…). Nous intégrons des jeunes talents fraichement diplômés, qui apportent de nouvelles perspectives sur les dernières tendances de consommation et de communication. Notre équipe a une moyenne d’âge de 25 ans, nous sommes à même de comprendre les attentes et les codes des nouvelles générations et d’en faire bénéficier nos clients. J’ai moi-même 33 ans, je fais partie de la génération Y, capable de faire le pont entre les générations nées avant 1980, et la génération Z, née après 2000.
Quel est l’enjeu de savoir s’adresser à ces nouvelles générations ?
Nous sommes souvent sollicités par des entreprises qui cherchent à recruter de jeunes talents, mais aussi, et c’est plus récent, par des écoles, des centres de formation professionnelle, désireux d’attirer de nouveaux élèves. Dans les deux cas, il s’agit de construire avec eux, ou d’améliorer, leur marque employeur, ou marque école. Nous recevons de nombreuses demandes visant à valoriser les CFC (certificat fédéral de capacité) ou émanant d’une HES (haute école spécialisée). Notre expertise repose sur notre connaissance des codes et canaux de communication pour toucher ces nouvelles générations.
Pouvez-vous nous en dire plus sur ces codes et canaux de communication ?
Il s’agit bien-sûr des réseaux sociaux, notamment Tiktok, Instagram ou Youtube. En Suisse, les jeunes y passent en moyenne 3 heures par jour en semaine, et 5 heures en week-end. Mais ils sont confrontés à une masse d’informations et de sollicitations gigantesque. Il faut être présent sur les réseaux sociaux, et la plupart des écoles et des employeurs y sont, mais encore faut-il délivrer le bon message, celui qui aura le plus d’impact, qui va générer de l’engagement, de l’enthousiasme, et adapter le format, la tonalité et la durée à ces différentes plateformes.
Pouvez-vous développer ?
Les plateformes n’ont pas la même audience. Tiktok s’adresse davantage aux 12-25 ans, avec des vidéos très courtes, de l’ordre de 15 à 30 secondes, Instagram aux 25-45 ans avec des contenus de quelques minutes. Sur Youtube, on peut proposer des vidéos plus longues (5 à 20 mn). L’idée est de créer un contenu qui leur donnera envie de passer d’une plateforme à l’autre, pour approfondir le sujet, c’est ce que nous appelons le « cross-média ».
Outre la durée, quels sont les codes culturels qui vont toucher cette nouvelle génération ?
L’esthétique est importante, mais pas seulement. Dans le message, ce qui prime, c’est l’humain. Le contenu doit relater une expérience humaine, un vécu, des valeurs. Par exemple, pour valoriser un métier, comme électricien.ne ou infirmier.e, et attirer les jeunes vers ces formations, nous réalisons des reportages ou portraits vidéo des personnes qui l’exercent sur le terrain. Nous en exportons les extraits les plus accrocheurs pour les autres réseaux sociaux, à l’instar d’un teaser. L’idée est d’inspirer, de susciter l’envie, via un parcours professionnel. Là, la communication et le journalisme s’entrecroisent.
Les jeunes ont besoin de se projeter et sont à la recherche de sens dans le travail ?
Complètement, c’est un aspect fondamental. Je pense également que les entreprises devraient davantage valoriser l’esprit d’équipe, l’ambiance au travail, la personnalité ou les convictions du dirigeant, leur impact positif sur la société.
La congruence entre le message et l’identité de l’entreprise ou de l’école est aussi essentielle ?
Absolument. Nous menons une analyse stratégique pour sélectionner les points forts, les éléments les plus à même de parler aux nouvelles générations, sous forme de storytelling notamment, pour susciter de l’émotion, apporter de la valeur ajoutée. Nous offrons un regard extérieur et une réflexion à nos clients. Pour l’entreprise, le bénéfice de la démarche est aussi de clarifier qui elle est et ce qu’elle a à offrir.
Les parents sont également un public cible. Une entreprise, ou une école, avec une communication claire, en accord avec les codes visuels actuels, avec un stand attractif, une belle brochure et un site web soigné, inspire confiance et les rassure.
Deux autres points me semblent aussi très importants : il faut adapter le message au territoire concerné, car les codes culturels diffèrent d’un canton à l’autre, parfois même à l’intérieur d’un canton ; et d’autre part, intégrer les collaborateurs et différentes parties prenantes de l’entreprise.
Quelle(s) tendances(s) voyez-vous émerger ?
Les métiers techniques, manuels, dans la santé, l’éducation ou l’artisanat recrutent assurément. Ingénieur.e, coiffeur.se, menuisier.ère, électricien.ne ou infirmier.ère, tous trouvent un travail très facilement, et sans doute davantage que les diplômé.e.s d’université. Ces métiers ne seront pas affectés par la transition digitale et l’IA. Et chaque individu peut y apporter sa créativité, sa capacité d’innovation.
Plus d’informations sur www.spurring.ch
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