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Invalidité : ce que votre 2è pilier peut vraiment faire pour vous

07.09.2025
par SMA

Quand la santé flanche, le 2è pilier prend le relais. Décryptage d’un filet de sécurité souvent ignoré, pourtant vital.

Le 2è pilier, bien plus qu’une épargne retraite

On en entend parler vaguement à l’embauche, on retrouve son nom sur la fiche de salaire, on reçoit chaque année un certificat qu’on ne lit pas.

Pour beaucoup de salariés suisses, le 2è pilier, ou prévoyance professionnelle, est une boîte noire : on y cotise chaque mois, sans trop se poser de questions. On sait vaguement qu’il s’agit d’épargne pour la retraite. Mais peu soupçonnent que cette prévoyance professionnelle joue un rôle crucial bien avant l’âge de la retraite.

Lorsque la santé vous lâche, lorsque la maladie ou un accident rend le travail impossible, ce drôle de 2è pilier, qu’on oublie volontiers pendant des années, se révèle soudain… vital. Presque brutalement.

Quand tout s’arrête : l’histoire de Michel

Michel, 47 ans, ne s’attendait pas à ce que son quotidien bascule aussi vite. Des douleurs, un malaise, un passage par l’hôpital. Quelques semaines plus tard, il apprend qu’il ne pourra plus exercer son métier. Pas maintenant. Peut-être plus jamais.

La suite est brutale. Perte de revenu. Statut incertain. L’assurance invalidité (AI) reconnaît son incapacité de travail et lui verse une rente. Mais cette aide ne suffit pas à couvrir ses dépenses courantes. De quoi payer son loyer, ses assurances…

Comme beaucoup, il découvre alors une fonction souvent ignorée du 2è pilier : une fonction de sécurité en cas d’invalidité ou de décès.

« Je ne savais pas que ma caisse de pension pouvait aussi m’aider.  Franchement, je pensais que le 2è pilier, c’était juste un truc qui dort jusqu’à la retraite. J’étais à côté de la plaque. » confie Michel.

Un pilier, plusieurs facettes

Le 2è pilier ne se limite pas à préparer la retraite. Il est conçu pour couvrir trois risques majeurs de la vie professionnelle :

  • La vieillesse
  • L’invalidité
  • Et le décès

En cas d’invalidité partielle ou totale, la caisse de pension entre en jeu. Elle peut verser une rente complémentaire à celle de l’AI, afin d’atténuer la chute des revenus. Ce soutien est prévu par la loi, mais chaque caisse peut appliquer ses propres règles, souvent plus généreuses que le minimum légal.

Comment est calculée la rente d’invalidité ?

La rente d’invalidité du 2è pilier dépend de plusieurs facteurs :

  • Le capital déjà accumulé dans votre caisse de pension
  • Le nombre d’années restantes jusqu’à la retraite, calculées comme si vous continuiez à cotiser (on parle alors d’« années projetées »)
  • Le taux d’invalidité reconnu (par exemple 50 %, 60 %, etc.)
  • Le taux de conversion appliqué par la caisse

Mais ce n’est pas tout ! Le plan de prévoyance souscrit par votre employeur joue un rôle déterminant. Il existe des plans dits minimaux (obligatoires), et d’autres plus étendus (enveloppants ou surobligatoires). Certains prévoient des rentes généreuses, d’autres se contentent du minimum légal prévu par la loi LPP.
Deux salariés avec le même revenu peuvent donc recevoir des rentes très différentes.

Une rente qui suit votre parcours jusqu’à la retraite

Le versement de la rente 2è pilier intervient généralement après l’arrêt des indemnités journalières de l’assurance maladie. Elle peut durer jusqu’à l’âge légal de la retraite. Là, elle est automatiquement convertie en rente de vieillesse, sans formalité.

Pendant cette période, la caisse continue également de créditer votre compte épargne, comme si vous continuiez encore à travailler. Une mesure essentielle pour éviter une double peine : être invalide et pénalisé à la retraite.

« J’ai découvert que même si je ne travaille plus, mes droits à la retraite continuent à s’accumuler grâce au 2è pilier. Je ne cotise plus, mais je ne perds rien », explique Michel, soulagé.

Et si l’invalidité mène au décès ?

Dans les cas les plus graves, comme celui d’une invalidité sévère ou dégénérative, l’issue peut être fatale avant l’âge de la retraite. Là aussi, le 2è pilier prévoit une protection pour les proches.
Si l’assuré décède, des rentes peuvent être versées à son conjoint, à ses enfants mineurs ou en formation, selon le règlement de la caisse. Ce soutien peut faire une vraie différence dans le quotidien des survivants.

Rôle clé des gestionnaires de caisses de pensions

Mal informé, Michel a mis du temps à comprendre ses droits. « J’avais peur de ne rien comprendre. Peur d’être traité comme un dossier. »

Mais un appel à sa caisse de pension a tout changé : « Ils ont pris le temps de m’écouter, de tout m’expliquer en détail. J’étais dépassé, mais après cet échange, j’ai pu respirer à nouveau. Je n’étais pas seul. »

Ce que beaucoup ignorent, c’est que les gestionnaires de caisse de pension sont à la disposition des assurés. Ils peuvent :

  • Expliquer les prestations disponibles
  • Détailler les impacts d’une invalidité sur la retraite
  • Aider à constituer le dossier et à remplir les formulaires

Dans ces moments de grande vulnérabilité, ce soutien humain et personnalisé est souvent aussi précieux que les prestations elles-mêmes.

En résumé : Ce que le 2è pilier peut faire pour vous

  • Début de l’invalidité :Verse une rente complémentaire à l’AI selon le taux d’invalidité
  • Pendant l’invalidité :Continue à créditer des années de cotisation jusqu’à l’âge de la retraite
  • Décès avant retraite :Peut verser une rente aux survivants (conjoint, enfants, selon règlement)
  • Retraite atteinte :Transforme la rente d’invalidité en rente de vieillesse automatiquement

Trois bons réflexes à adopter

  • Contactez votre caisse de pension : Ce sont vos premiers interlocuteurs. Ils connaissent votre dossier et peuvent vous expliquer vos droits en détail.
  • Demandez votre attestation de prévoyance : Chaque caisse a ses propres règles. Ce document vous permet de comprendre précisément ce à quoi vous avez droit.
  • Parlez-en à votre service RH : Si vous êtes encore salarié, le service des ressources humaines peut vous orienter et vous accompagner dans vos démarches.

Le mot de la fin : mieux vaut comprendre maintenant que subir demain

Le 2è pilier n’est pas un sujet réservé aux érudits. C’est un élément fondamental de la sécurité financière des salariés suisses. En cas de coup dur, il peut faire toute la différence entre précarité et continuité.

Michel l’a compris sur le tard. Vous, vous avez encore le temps de vous renseigner.

L’ESSENTIEL À SAVOIR – Lexique & FAQ du 2è pilier

Qu’est-ce que le 2è pilier ?

Le 2è pilier, ou prévoyance professionnelle, est une assurance obligatoire pour les salariés suisses.

Il complète le 1er pilier (AVS/AI – assurance vieillesse, survivants et invalidité) afin de garantir un revenu suffisant en cas de retraite, d’invalidité ou de décès.

Il est financé par des cotisations partagées entre l’employé et l’employeur, prélevées directement sur le salaire.

Le 2è pilier peut-il m’aider si je tombe malade ou deviens invalide ?

Oui. Si vous devenez invalide, votre caisse de pension peut vous verser une rente complémentaire à celle de l’AI, selon les conditions définies dans son règlement.

Comment est-elle calculée ?

La rente dépend :

  • Du capital déjà accumulé
  • Des années projetées (comme si vous cotisiez jusqu’à la retraite)
  • Du taux d’invalidité reconnu
  • Du règlement de votre caisse (chaque caisse a ses propres règles !)

Que devient cette rente à la retraite ?

Elle est automatiquement transformée en rente de vieillesse lorsque vous atteignez l’âge légal de la retraite.

Et si je décède avant la retraite ?

Des rentes de survivants peuvent être versées à votre conjoint, partenaire enregistré ou enfants à charge, selon le règlement de votre caisse de pension.

Qu’est-ce qu’un plan « enveloppant » ou « surobligatoire » ?

C’est un plan de prévoyance qui va au-delà du minimum légal. Il peut offrir de meilleures rentes, couvrir un salaire plus élevé ou verser des prestations plus avantageuses aux survivants.

Qu’est-ce que le taux de conversion ?

C’est un pourcentage utilisé pour transformer votre capital accumulé en rente annuelle. Exemple : avec un taux de 6,8 %, un capital de 100 000 CHF donne droit à 6800 CHF de rente par an.

Comment savoir ce à quoi j’ai droit ?

Demandez votre attestation et votre règlement de prévoyance. Ils contiennent tous les détails sur les prestations, conditions et droits en cas d’invalidité ou de décès.

Qui contacter en priorité ?

  • Votre caisse de pension (informations officielles et règlement).
  • Votre service RH (modalités internes à l’entreprise)
  • Votre assurance AI ou LAA si accident (si la situation est en cours de traitement)

À RETENIR

  • Le 2è pilier ne sert pas qu’à la retraite :
     il vous protège aussi en cas d’invalidité
     ou de décès.
  • Il peut devenir votre principal revenu si vous ne pouvez plus travailler
  • Chaque situation est différente : renseignez-vous au cas par cas.

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