La responsabilité sociétale des entreprises (RSE) est devenue un critère déterminant pour les talents en quête de sens et d’engagement. Comment les entreprises peuvent-elles intégrer la RSE dans leur marque employeur et attirer les meilleurs profils ? Éclairage avec Elisabeth Laville, fondatrice d’Utopies, premier cabinet de conseil en stratégie RSE créé en France en 1993.

Elisabeth Laville
Fondatrice, Utopies
Elisabeth Laville, depuis la création d’Utopies, comment avez-vous vu évoluer la place de la RSE dans les attentes des candidats et des entreprises ?
Lorsque j’ai créé Utopies il y a 32 ans, la RSE était peu développée, souvent limitée à la philanthropie. Mais certaines entreprises comme Danone attiraient les candidats grâce à des publicités sur leur fondation et leurs actions sur la santé. Aujourd’hui, les candidats sont plus exigeants sur le sérieux des engagements – sur les pratiques, les labels voire l’évolution de l’offre et du modèle économique.
Comment les entreprises peuvent-elles intégrer concrètement la RSE dans leur marque employeur ?
Il y a trois axes clefs. D’abord, intégrer aux engagements RSE un volet interne, sur les conditions de travail, le développement professionnel, etc. Ensuite, permettre aux salariés de s’investir sur le sujet, dans leur métier. Ce qui suppose d’être assez ambitieux au quotidien. Et cela permet de décrocher des labels (comme B Corp, Great Place to Work…), qui attirent en retour les candidats !
Pouvez-vous partager un exemple d’entreprise qui aligne RH et RSE de manière authentique ?
Patagonia est une référence. Ils sont pionniers dans la mise en place des crèches d’entreprise, offrent un congé sabbatique pour travailler dans une ONG et encouragent leurs employés à s’engager activement dans des causes environnementales.
Quels premiers pas une entreprise peut-elle mettre en place pour intégrer la RSE dans ses pratiques de recrutement ?
Il y a plusieurs actions clés comme rédiger des offres d’emploi valorisant ses engagements RSE, former les salariés à la RSE dès l’onboarding ou encore intégrer des critères RSE dans les fiches de poste et les bonus.
Comment la RSE va-t-elle transformer les pratiques managériales et RH dans les années à venir ?
On va vers plus de collaboration intersectorielle, d’intrapreneuriat et d’intégration des objectifs d’impact dans les processus internes. L’enjeu est de donner aux métiers les outils pour agir concrètement.
Un dernier conseil pour les entreprises souhaitant faire de la RSE un levier d’attractivité et de rétention des talents ?
Arrêter de voir la RSE comme un outil d’image et la considérer comme un levier de performance et de résilience. Une entreprise reconnue pour son engagement RSE attirera naturellement les talents et renforcera sa réputation.
Interview Océane Ilunga
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