La RSE, un atout pour les employeurs
La responsabilité sociale des entreprises (RSE) peut être définie comme le développement durable appliqué à l’entreprise. Elle repose ainsi sur la volonté d’instaurer un équilibre entre trois piliers: économique, social et environnemental.
Une entreprise qui s’engage dans une démarche de RSE prend volontairement des initiatives qui vont au-delà des exigences légales à l’égard de son environnement. Elle peut ainsi mieux répondre au développement économique, social et environne- mental de la communauté dans laquelle elle opère et assumer intelligemment son objectif premier: assurer sa pérennité. Les actions de RSE varient d’une entre- prise à l’autre, chacune ayant son environnement et ses moyens propres.
Une stratégie RSE ne fonctionne – et c’est l’un de ses intérêts – que si elle est portée, réfléchie et intégrée à tous les niveaux: conseil d’administration, direction générale, cadres intermédiaires, collaborateurs. Pour l’initier, chaque entreprise doit faire le bilan de ce qu’elle a déjà entrepris avant de se projeter plus en avant. Les plans de RSE s’orientent souvent en fonction d’un public cible. Que puis-je faire pour mes collaborateurs, mes fournisseurs et mes partenaires ? Pour les autorités et le voisinage ? Pour les clients ? Considérée sous cet angle holistique, la RSE a souvent pour corollaire ou pour point de départ une redéfinition de la vision
stratégique d’une entreprise. La gouvernance en est la clé de voûte.
Les entreprises qui font ce pas enregistrent des retombées positives, non seulement en termes d’image et d’attractivité pour recruter des talents et satisfaire les attentes de leur clientèle, mais aussi économiques. Une étude réalisée l’an dernier par HEG-Genève-IREG montre que 78% des entreprises suisses romandes ont mis en place des actions RSE, de manière formelle ou informelle. Ce dernier point est crucial. Adopter une politique RSE efficace nécessite de pouvoir mesurer à long terme ses impacts sociaux et environnementaux. Il faut formaliser la démarche pour pouvoir la développer à bon escient.
Le Baromètre RSE 2022, publié par la HEG Genève, montre qu’environ 80% des sondés estiment que l’absence d’une stratégie RSE représente un danger pour
l’évolution d’une entreprise. Il semble évident que les clients, privés ou publics, imposeront toujours plus de conditions liées aux enjeux RSE lors d’appels d’offre
ou lors du choix de leurs prestataires. Une entreprise n’ayant pas songé à élaborer une stratégie RSE peut donc potentiellement remettre en cause son accès à certains marchés ainsi que sa compétitivité lors de négociations d’affaires.
La RSE n’est pas réservée aux grandes entreprises, bien au contraire. Pour les PME, les bénéfices à tirer d’une démarche RSE structurée sont nombreux: création d’avantage compétitif, attractivité auprès des jeunes talents ou gestion des risques de leur chaîne de valeur. Ces éléments permettent d’améliorer la performance économique de façon indirecte. Ce point est important, parce que l’impact direct de la RSE sur la compétitivité des entreprises suisses reste difficile à mesurer, les chiffres manquant à cet égard. Néanmoins, un point ne semble pas faire de doute: l’attractivité pour le recrutement de personnel s’en trouve renforcée.
Depuis la crise sanitaire, les travailleurs attendent des entreprises qu’elles s’engagent davantage dans la durabilité. Les défis énergétiques, actuellement sur le devant de la scène, amplifieront cette tendance, tout comme les enjeux de la transition écologique en lien avec le réchauffement climatique. Les hautes écoles, les universités et les centres de formation professionnelle mettent un accent accru sur le développe- ment durable, y sensibilisant les jeunes générations. Celles-ci sont plus susceptibles de valoriser les entreprises ayant une stratégie RSE afin d’aligner leurs valeurs avec celles de leur futur employeur. Il devient nécessaire pour les entreprises d’adopter un réel positionnement quant au développement durable afin d’attirer de nouveaux talents et de fidéliser ceux qu’elles possèdent déjà.
Concrètement, que peuvent faire les entreprises, et surtout les PME – qui représentent plus de 98% du tissu économique suisse –, pour mettre en place des mesures de RSE ? Commencer par des actions ciblées, même modestes, qui assurent un succès à court terme, encourageant le développement et la systématisation de la démarche. Les gestes les plus simples permettent d’y arriver. Plans de mobilité, flexibilité dans les horaires, télétravail, engagement dans des valeurs d’inclusion, de non-discrimination et de diversité, formation professionnelle et continue, recyclage des déchets, circuits d’approvisionnement courts, recours à une gestion durable de son parc informatique… la liste est longue et diversifiée. Pour y voir plus clair, il peut s’avérer utile de s’inspirer des bonnes pratiques d’autres acteurs d’un même marché. Enfin, il est indispensable de dédier une ou plusieurs personnes au sein de l’entreprise, même partiellement, à la question RSE. Communiquer autour de ses actions et de ses valeurs permet de créer le dialogue autour des thèmes de la RSE et de les porter toujours plus loin.
Dans ce domaine qui évolue constamment, il ne faut pas craindre de remettre l’ouvrage sur le métier. Se remettre en question est sain et permet de changer d’orientation lorsque cela s’avère nécessaire. Se réinventer et avancer, telle est la clé d’une stratégie RSE vivante et efficiente.
Texte Véronique Kämpfen, Fédération des Entreprises Romandes (FER) Genève
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